Voici deux oeuvres perso à la suite l'une de l'autre que vous pouvez retrouver sur mon blog et qui expriment bien l'ésprit sépulcral qui y règne.
http://anthropophobie.skyrock.comMalédiction
Une nuit glaciale s'annonce, les feuilles mortes, noyées à bas le sol par la pluie de la veille, se givrent et crispent comme des raisins écrasées lors d'une vendange. Le vent bat les branches les unes aux autres d'une telle violence, que si l'on ferme les yeux on pourrait se laisser duper par un combat de cerfs, bois contre bois. Ce vent tourbillonnant emporte les dernières gouttes des branches se fracasser contre les pierres tombales. Les gouttes désintégrées infiltrent dans la pierre, givrent et amorcent l'érosion de celle-ci. Un cri lointain trahit le perchoir d'un hibou qui s'éveille, ouvre grand ses ailes et prend son envol par delà les cieux, ses ailes cuivrés par les rayons de la pleine lune rousse naissante à l'horizon, juchée sur deux collines voisines.
Le cimetière s'éveille.
Des milliers de lamentations s'élèvent et se laissent emporter par le vent.
Les cadavres plaignent leur sort, les circonstances ne leurs sont pas favorables, la situation est creusée pour chacun d'entre eux, piégés à errer dans la dimension des vivants car ils ont étés oubliés par la grand faucheuse il y'a bien longtemps. Le cimetière est à la fois un miracle et une malédiction. Miracle de leur octroyer la sagesse suprême de l'immortalité de l'esprit, malédiction de les laisser ainsi inertes, inanimés, incapables de se manifester au grand jour et de partager leur savoir avec les vivants.
La plupart réclament des spectacles charnels, ils voudraient témoigner d'un ébat violent entre deux vivants, un homme et une femme, adrénaline et phéromones exigés. Un carnage meurtrier, sanglant, une véritable boucherie aux couleurs écarlates et écume d'une canine plantée dans une peau ensanglantée. De préférence une muqueuse bien chaude ou les globules circulent et se rebellent contre les parois artérielles et qu'une folie cannibale entraine les deux acteurs à se dévorer élégamment dans tout l'art de la patience et de la soumission. Ce spectacle se terminerait par un rideau rouge en velours noué sur la scène ou gisent les acteurs prosternés à même le sol.
Une orgie les séduirait tout autant, une percussion méthodique, un claquement de corps pénétrés, frottés, frappés avec tant de précision acoustique, qui s'amplifie et s'adoucit aux mœurs des ébats et des orifices pratiqués. Des voix haletant en guise d'instruments à vents, qui chantent un air connu aux oreilles, mêmes sourdes.
Un bouquet de senteurs apporté par tant de fraicheur et de ferveur à réaliser les fantasmes dans la buée des corps chauds enlacés dans cette nuit hivernale, les huiles et lubrifiants coulent à leurs pieds. Le gout exotique du sexe, plus enivrant qu'un vin des domaines du généreux Dionysos, qui se régalerait à cette vue endiablée, d'un combat enflammé par tant de délices chatoyants en ce gouffre gelé, abandonné et maudit.
(Fin de la première partie début de la deuxième)
Misanthrope du Mausolée
Entre Crypte et Mausolée les lamentations sont toutes autres, étrangement ces individus, même défunts ont encore la prétention de s'attarder sur d'autres dilemmes. Cette voix provient clairement du Mausolée, comme un chant adressé aux anges, comme une chorale qui prie pour les âmes des pécheurs dans une église.
Oh, infâme imposteur, divinité absente qui me calomnie et me disgrâce par son absence. Tous tes fidèles à la Crypte t'ont servi avec fidélité et voué leurs vies à glorifier ton image auprès des hommes. Puisque tu n'est point là, répugnant tissu de mensonges, dieu du néant ou néant de dieu ai-je bien choisi d'exercer ce que sur terre l'on appelle l'humanité.
Ma mort est elle la seule gratitude que je mérite pour avoir souffert cette vie, à défendre des principes et des valeurs morales, différentes en chacun de notre espèce. D'avoir suivi l'enseignement que l'on m'a désigné, appartenu à une patrie qui s'est cousue sur mes vêtements au fil du temps. Etudié ce qui paraissait engageant et prometteur, découvert un métier qui me pourchasserait tout au long de ma vie, me réduisant en esclave d'un quotidien trop court pour observer les aiguilles défiler d'heure en heure et observer le sablier de ma vie se vider, dune par dune, du sable brulant de ce désert que fut ma vie, ou les quelques oasis furent de trouver quelqu'un avec qui la partager, mais ne suis-je pas le seul à m'être marié pour ne plus vivre de passion mais de raison.
Ai-je perdu cet enthousiasme de découvrir les femmes à nouveau les unes après les autres par ce pacte scellé avec celle qui donna vie à notre enfant. Cet enfant dont on voulait tant, malgré nos différences négligées par raison et non par conscience et confiance. Ce contrat signé avec cette femme nous lia t'il d'une autre complicité que celle d'avancer droit et fiers dans une vie pour laquelle nous n'étions en tout point non complémentaires. Pourquoi peut-on accorder si peu de crédibilité aux propos d'autrui qui n'aime que par perspective égocentrique inconsciencieusement.
Aimions-nous vraiment ce morceau de viande qui naquit d'entre ses entrailles et qui semblait lui être destiné en tous points mais pas à moi car selon elle je n'étais pas l'exemple pour cette éprouvette de vie qui venait de naitre. L'enfant grandit ingrat et sot, ne semblait point intrigué par toutes les questions existentielles qui m'intimident tant elles m'harcèlent. Il vit encore aujourd'hui sa misérable existence, éduqué et gâché par sa mère trop possessive, trop protective, trop flatteuse pour lui révéler à quel point il était simplet. Il n'est qu'amour propre et n'accorde aucun égard envers autrui, l'amour lui échappé, la réussite, le bonheur.
Saurait t'il se plonger dans autre chose que le superficiel, pourrait t'il développer une passion pour la nature qui l'entoure, l'art en toute chose, l'art de penser et d'imager ce qu'on perçoit.
Pourquoi les humains sont t'ils tant intouchables, insensibles au point de devenir ambassadeurs du négligé. Nos différences ne sont t'elles pas des forces qu'il faut nourrir et enrichir constamment pour pouvoir les présenter, les débattre en diplomatie de pourparlers franc, évolué et constructif pour améliorer notre plaisir à communiquer. La sagesse se partage afin qu'elle continue à s'épanouir au delà du subconscient individuel et que l'on jouisse d'une vie plus épanouie dans une communauté diversifié en ouverture d'esprit et d'amour pour ceux qui l'ont tant mérité.
J'ai vécu une vie que je n'ai pas aimée, j'en tiens le divin pour responsable, je n'aurai pu faire mieux ou alors il aurait fallu m'ôter ma conscience et mon extra lucidité. Ô démon qui habitait mon corps, m'avoir rendu malin pour que je haïsse les vivants pour leur orgueil et leurs bêtise, m'avoir emprisonné dans une vie cauchemardesque qui ne me laissa point répit.
Je suis en ce Mausolée le seul bourgeois gentilhomme à me plaindre de cette lassitude à vivre, non traduite par un suicide, mais par un mépris profond pour tout clone qui s'agite tel un clown dans cette dimension qui n'a aucun sens.
Mes sentiments sont meurtris et je les ai emportés dans ce dernier lit ou je gis sous ce lourd édifice qui représente le poids de mon fardeau. Je suis le seule à qui la mort à mieux réussi que la vie.
Anthropophobie
Mar 13 Mai - 2:49
